Consommer sa propre énergie cela peut sembler séduisant, mais qu’en est il réellement ? Il faut bien comprendre de quoi il s’agit pour se faire une idée juste. Les nouvelles aides sont-elles vraiment intéressantes ? Peut-être ne faut-il pas foncer tête baissée sur la première offre.
Rappel sur le principe de l’autoconsommation solaire
Le principe est assez simple : quelques panneaux solaire photovoltaïques sont disposés sur le toit de votre habitation et injectent via un onduleur de l’énergie sous forme de courant dans votre réseau après le compteur EDF. Cette énergie servira à alimenter une partie de vos consommateurs, le reste provenant d’EDF. Vous réalisez ainsi des économies sur votre facture EDF. A noter qu’il ne s’agit pas d’économie d’énergie, qui est un autre sujet, mais plutôt d’une diversification de votre approvisionnement en énergie avec une partie auto-produite.
Si votre consommation est inférieure à votre production le surplus d’énergie partira naturellement en direction d’EDF, gratuitement ou à un prix de rachat relativement bas.
Dans ce graphique, illustrant une belle journée d’ensoleillement on a :
- En rouge : la consommation alimentée par EDF
- En bleu : la consommation alimentée par le solaire
- En vert : la production solaire en surplus qui repart vers EDF
La partie bleu correspond à la partie qui génère une économie réelle. Ici on voie clairement que le système solaire est trop puissant. Une grande partie de l’énergie produite ne sera pas consommée et partira chez EDF.
Le taux d’autoconsommation indique la proportion d’énergie qui sera consommée et non renvoyée au réseau. Dans le cas de cette figure le taux d’autoconsommation est mauvais, de l’ordre de 20%. L’investissement associée à ce système surdimensionné aura du mal à se payer par les économies générées. En réalité il ne se payera jamais.
Dans ce cas de figure la production solaire est parfaitement adaptée à la consommation, la plus grande partie de l’énergie solaire est auto-consommée. Le taux d’autoconsommation est de l’ordre de 90%. L’investissement se payera facilement par les économies générées.
Il faut donc estimer son matelas de consommation permanent et rester modeste sur la taille de son installation solaire. Ce matelas de consommation doit être estimé pour la période de fort ensoleillement : 10h-17h et plutôt en bonne saison. Cette estimation n’est pas si simple qu’elle n’y parait. Calculer le matelas de conso à partir d’une simple facture EDF annuelle ne sert à rien car la consommation n’est pas homogène selon les saisons et ne l’est pas plus au sein d’une journée. Malheureusement pour les ménages, la consommation se situe souvent en dehors des périodes d’ensoleillement. Il est conseillé de se rapprocher d’un (vrai) professionnel qui prendra le temps d’analyser vos consommateurs et mode de fonctionnement.
Les nouvelles aides et dispositifs en faveurs du déploiement de l’autoconsommation
Un nouvel arrêté tarifaire a été publié au JO du 10 Mai 2017.
Ce nouvel arrêté instaure une prime à l’investissement. Elle est fonction de la puissance de panneaux installée. 400€/kWc pour les installations jusqu’à 3000Wc et 300€/kWc pour les installations jusqu’à 9kWc.
Il fixe également le tarif de rachat du surplus de production qui était jusqu’à aujourd’hui renvoyé gratuitement chez EDF. Désormais l’excédent de production pourra être racheté 10c€/kWh. Pour ce faire, vous devez avoir le nouveau compteur EDF « Linky » et faire poser votre installation par un installateur qualifié.
Combien coute un kit solaire autoconsommation et est-ce rentable ?
Nous ne rentrerons pas dans des calculs complexes et très hypothétiques qui au final ne viendrons qu’impacter les chiffres ci-dessous en marginal, mais resterons simple dans les approches pour comprendre les enjeux.
Les exemples sont donnés au centre de la France. Une installation plus au sud s’amortira un peu plus, au nord un peu moins, mais dans une fourchette assez étroite.
Parmi les hypothèses, je tiens compte d’une évolution du coût de l’énergie dans la lignée des années précédentes, entre 3 et 5%/an. Je considère que les installations sont dans de bonnes conditions, en direction du sud, sur un toit incliné entre 25° et 35°, sans ombre partielle.
Cas n°1 : Maison classique sans gros consommateur, installé par l’utilisateur, donc sans bénéficier de la prime, ni du rachat du surplus.
Pour un maison classique, le matelas de consommation est d’environ 300W, une installation solaire en autoconsommation de 500Wc, soit deux panneaux solaire photovoltaïques de 250Wc, est largement suffisante afin de conserver un taux d’autoconsommation de 80%.
Il sera difficile de trouver un installateur qualifié pour venir poser deux panneaux solaire, ou alors avec un cout qui tuera le projet. Il sera préférable pour l’utilisateur qu’il l’installe lui même.
Le cout matériel doit se situer autour de 1000€ TTC.
Cette installation produira dans le centre de la France environ 650 kWh/an dont 80% qui seront auto-consommé et 20% rejeté chez EDF gratuitement.
L’économie moyenne de 100€/an la première décennie et plus ensuite. Il faudra alors environ 10 ans pour amortir son investissement. Au bout de 25ans, l’investissement aura rapporté 3128€, çà correspond à un placement à 4,9%.
Cas n°2 : Maison avec cumulus électrique programmé en journée et pompe de piscine 750W.
Le matelas de consommation est plus élevé. Partons pour l’exemple avec un matelas de 2500W. Une installation solaire en auto consommation de 3000W est adaptée. Un installateur agréé fera l’installation qui vous permettra de récupérer un peu d’argent sur le surplus réinjecté chez EDF.
Le cout y compris installation doit être aux alentours de 6500€ TTC. La prime sera de 1200€. Elle produira 3900 kWh/an dont 80% qui seront réellement consommés, et 20% qui seront rachetés par EDF.
L’économie moyenne est de l’ordre de 600€/an. L’installation s’amortira au bout de 10 à 11 ans. Au bout de 25 ans votre placement vous aura fait économiser 18800€ et aura encore un peu de valeur. Ça correspond à un placement à 4,6%.
Deux exemples plutôt favorables qui cachent la réalité du marché
Ces deux exemples sont plutôt favorables parce qu’ils partent du bon pied. La taille de l’installation photovoltaïque est adaptée au besoin, le coût total est cohérent, les conditions d’installations sont bonnes. Mais le futur acquéreur devra se méfier. Beaucoup de sociétés ne sont pas tout à fait honnêtes, ou pas toutes à fait compétentes, ou les deux !!!
Elles ont tendance à vous proposer d’office un kit solaire 3000W ou 6000W sans se soucier de votre profil de consommation. Elles vous feront miroiter des économies substantielles calculées sur la seule base de votre facture EDF. En plus de çà le prix de vente est souvent exorbitant. Vous risquez d’être déçus qu bout d’un an ou deux quand vous comprendrez que vous ne valoriserez
Lors de votre entretien vérifier que le commercial fait bien une estimation de votre profil de consommation au sein de la journée et en fonction des saisons. Lisez attentivement l’argumentaire écrit (et seulement celui qui est écrit) et essayez de comprendre. Au besoin faites vous éclaircir les estimatif de gain du type « réduisez jusqu’à 55% votre facture EDF » ou encore « le potentiel de production est de 4000 kWh/an », etc… des chiffres qui ne veulent pas dire grand chose.